Notre mission
Le collectif SOS Gorges se fait la voix de la rivière.
Citoyens, pêcheurs, amoureux du vivant, naturalistes, spécialistes, scientifiques, éducateurs à l’environnement, techniciens de l’eau, professionnels de terrain, sentinelles de la nature, nous lançons un
cri d’alarme :
Parc naturel régional et zone natura 2000, on ne présente plus les gorges du Verdon. Spectaculaires et grandioses, elles constituent un site naturel unique au monde du patrimoine de France.
Cet espace sauvage, bien de tous les Français, est aujourd’hui à l’agonie. La biodiversité s’effondre, la survie des espèces est menacée.
Les débits du Verdon fluctuent en permanence (environ 200 fluctuations par an contre une dizaine en moyenne pour une rivière naturelle). La vie à besoin de stabilité pour pouvoir se maintenir, s’accroître et prospérer. Cette stabilité n’existe plus dans les Gorges du Verdon. L’écosystème est sans cesse remanié, bouleversé, voilà la raison du déclin des espèces et de l’absence de résilience.
Autre menace qui engendre une pression sur l’environnement :
le tourisme de masse.
L’époque est au tourisme vert, les activités de pleine nature sont à la mode.
Le Verdon se meurt.
« Vous pensiez venir en vacances dans un parc naturel ?
Bienvenue à Euro-Disney ! »
Les barrages hydro-électriques sont les principaux responsables de ce désastre écologique. Une gestion catastrophique de l’eau est à l’œuvre depuis des décennies, qui artificialise la rivière et anéantit les êtres vivants. Cette démarche économique ne respecte pas les exigences européennes de continuité écologique.
Le village de Castellane et ses environs, passe de 1500 habitants à plus de 30 000 en été. Cette sur-fréquentation engendre de lourdes conséquences :
Saturation des infrastructures (Station d’épuration, Routes, etc), pollution de l’eau, destruction des habitats, modification du lit de la rivière.
La liste des agressions est longue.
Pour satisfaire les populations estivales en quête de nature et de sensations fortes, une véritable industrie des activités aquatiques s’est développée.
Parmi ces sports d’eau vive, un en particulier pose de gros problèmes : La randonnée-aquatique.
En constante augmentation depuis plusieurs années, la randonné aquatique envahit peu à peu les plus beaux parcours du Verdon. Cette activité consiste à descendre la rivière à la nage ou en marchant, en groupe de 10 personnes accompagnées par un guide.
Des activités nature qui détruisent la nature, un paradoxe.
« Vous pensiez faire une activité nature bonne pour l’environnement ? Savez-vous qu’en participant aux randonnées aquatiques de masse vous détruisez le biotope ! ».
Les récents décomptes des Fédérations de pêche et de la DDT04, font état de 1500 à 2000 randonneurs aquatiques par jour en saison estivale.
« Boulot, rando, métro »
En cadence, comme dans le travail à la chaîne, le lit de la rivière est pris d’assaut dans un flux continu, un manège constant du matin au soir. Cette manière de consommer la nature n’est pas durable. Elle engendre la disparition des invertébrés sur les zones de piétinement et perturbe l’ensemble des espèces présentes.
Vous n’y verrez plus le martin-pêcheur. Les cincles plongeurs, oiseaux emblématiques, qui nagent et se nourrissent des insectes aquatiques qui ont désertés ces zones.
La truite fario méditerranéenne, poisson roi de la famille des salmonidés, est entrain de disparaître de ces secteurs. Rares sont celles qui parviennent à se maintenir en bonne condition face à tant de pression.
Cette sur-fréquentation engendre des conflits d’usages vis-à-vis des autres utilisateurs de l’eau et notamment avec les pêcheurs.
En France, la gestion et la protection des milieux aquatiques est délégué aux Associations de pêche (AAPPMA) réunies en Fédérations Départementales de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique (FDPPMA). Réalité souvent ignorée, le détenteur d’un permis de pêche milite activement pour aider à la gestion et à la protection de l’environnement.
La pêche est un outil pour la conservation des habitats, une vérité légitime sur laquelle nous comptons nous appuyer.
La démarche du collectif SOS Gorges du Verdon s’inscrit en solidarité avec celle des pêcheurs, l’image bienveillante d’une sentinelle de la nature, sensible aux altérations du milieu et qui cherche à le sauvegarder.
Notre objet n’est pas seulement d’alerter, mais aussi d’expliquer, d’éduquer, de surveiller, d’informer et de sensibiliser le plus grand nombre aux bonnes pratiques et au respect du vivant.
L’urgence de la situation nécessite une réelle prise de conscience.
En fraternité avec les pêcheurs, figures traditionnelles du bon sens populaire, nous voulons pérenniser ce patrimoine, afin de pouvoir le transmettre aux générations futures.
« La rivière meurt, car elle est sur-utilisée,
il faut réguler. »
Nos propositions
Des alternatives sont possibles, un tourisme plus durable qui se construit avec les pêcheurs, autour de pratiques plus vertueuses, bienveillantes.
Le collectif SOS Gorges du Verdon agit dans ce sens et veut être un médiateur de cette transition pour l’avenir.
Nous faisons des propositions concrètes pour œuvrer dans cette dynamique :
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Panneaux de sensibilisation
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Réduction de la randonnée aquatique
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Organisation d’un juste partage des usages
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Élaboration d’une charte éthique de l’usager de la nature
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Ouverture d’un dialogue avec EdF, les élus et les administrations en charge afin d’obtenir une stabilité des débits nécessaires à la résilience du milieu
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La participation financière des activités d’eau vive aux côtés des associations de pêche pour soutenir la gestion et la préservation des habitats.
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L’organisation de journée de sensibilisation autour de la pêche et de la nature, afin de recréer du lien social et de changer notre regard sur la rivière.
Cette liste non-exhaustive est amenée à évoluer, et se concrétisera au sein de groupes de travail de manière participative.
C’est la sagesse qui motive notre action, un intellect collectif, la croyance en la seule culture qui a du sens à nos yeux : celle de la nature.
La rivière est un bio-indicateur de la santé de nos sociétés.
Quand la rivière souffre, la société souffre.
Quand la rivière va bien, la société va bien.
Il en va de notre bonheur à tous.
Unissons-nous.